Préambule

En deux mots, ce site est à la fois un hommage et un héritage.
 Un hommage à la mémoire de May Balafrej, épouse et mère des deux réalisateurs de ce site aux composantes duquel elle a considérablement apporté en temps de travail, en encouragements et en adhésion aux valeurs culturelles d’une patrie où se définissent nos identités et nos singularités.

Un héritage qui regroupe des travaux divers, sur des thèmes divers, à des époques diverses d’une carrière professionnelle et plus particulièrement des Collections d’ouvrages à objectifs différenciés, la plupart conçus et réalisés dans le cadre de la Fonction Publique avec une équipe de jeunes architectes, remarquables, qui ont contribué, dès 1998, à la fondation de la première direction de l’architecture du Maroc indépendant.

Cet hommage et cet héritage s’articulent et sont offerts en partage à tous ceux qu’intéresse l’espace humanisé dans le Marocpluriel ci-dessous tracé dans ses grandes lignes de même que ceux qu’intéresse une transposition analogique de l’approche conceptuelle, ici mise en œuvre, à d’autres contrées, à d’autres cultures et à d’autres thèmes de recherche. Il est évident que partage, ici, signifie une totale liberté de visite et de téléchargement dans une tradition universitaire. Nos remerciements à Adam Benchekroun qui a offert un logo qui convient parfaitement à ce site, un logo qui allie tradition et innovation, ancrage dans le local et ouverture sur l’universel.

Said Mouline
Sinan Mouline-Balafrej

 

Introduction

Au croisement de deux continents, l’Afrique et l’Europe, au croisement de deux océans, l’Océan Atlantique et la Mer Méditerranée, le Royaume du Maroc a toujours été terre d’échanges et de rencontres. Depuis des millénaires, il a reçu et intégré, les apports de plusieurs civilisations. Apports qui se sont inscrits dans un espace social et des modes d’urbanité dans lesquels les échanges, les ruptures et les changements ont pris corps et se sont sédimentés dans le temps. Sédimentation et enrichissement qui ont été rendus possible grâce à la nature même d’un pouvoir dynastique qui, bien plus que le sommet d’une pyramide, fonctionne comme une matrice génératrice d’un sentiment d’appartenance consentie à une même patrie et de la cohésion d’une diversité au sein d’une unité. Cette unité est justement celle du “Marocpluriel”, dont la richesse dépasse la somme de ses composantes.

Pays de haute tradition patrimoniale, le Royaume du Maroc bénéficie en effet, d’un patrimoine architectural et culturel historique considérable, riche et diversifié, qui s’exprime tant dans l’urbanisme et les monuments des grandes cités, des capitales impériales, que dans les vestiges archéologiques de cités millénaires ainsi qu’à travers toutes les régions du pays, de la blancheur éclatante des villes méditerranéennes aux célèbres architectures de terre et de toile des provinces sahariennes. La richesse et la diversité de ce patrimoine culturel tiennent, notamment, à un processus simultané de rencontres et d’intégration qui s’enrichit dans le temps et assure l’évolution historique de ce “Marocpluriel”. L’Afrique et ses rythmes, l’Andalousie arabo-musulmane et ses métissages, la Méditerranée et ses cycles, l’Atlantique et ses horizons, s’entrecroisent au Royaume du Maroc et concourent à cette identité plurielle.

Ainsi, à travers le pays, ont coexisté des langues – berbère, arabe, hébreu, portugais, espagnol, anglais, français, etc. – des cultes et des habitus variés, des réalités géographiques d’une grande diversité, des neiges éternelles aux cimes de l’Atlas à l’écume des mers et aux mirages du désert ; des territoires et des régions que particularisent des tonalités et des atmosphères, des couleurs et des lumières, des émotions et des ambiances spatiales particulières. Ont coexisté également, des modalités de mises en œuvre de cadres de vie qui sont les expressions, à chaque fois renouvelées, du génie des lieux et des apports extérieurs, qui conduisent à une utilisation ingénieuse des ressources naturelles, des caractéristiques des sites, de la faune et de la flore.

Expressions multiples selon les lieux et l’histoire ; expressions qui sont les fruits de créativité et d’intégration; expressions qui sont autant de repères, autant d’identités qui composent une mémoire collective, un patrimoine civilisationnel, celui justement du “Marocpluriel”. Patrimoine qui assure un rôle majeur dans le rayonnement culturel du Royaume. Patrimoine dont bon nombre de cités historiques, de vestiges archéologiques, de cités antéislamiques, de qsour et qasbas des vallées sahariennes, sont classés en tant que biens culturels sur la Liste du patrimoine mondial ou en tant que chefs-d’œuvre du Patrimoine Oral et lmmatériel de l’Humanité, sur la nouvelle Liste instituée par l’Unesco en l’an 2001. Classements qui n’assurent ni leur valeur, ni leur entretien, ni leur pérennité comme cela est expliqué plus en détail dans les points de vue exprimés dans ce site.

Architecture du site

D’entrée, ″Accueil″ mis à part, le site se compose de quatre rubriques. La première est réservée à une Collection, “Repères de la Mémoire”, qui brille, aujourd’hui, par son absence et où seul numéro disponible, en version numérique, est celui consacré à Rabat, alors que la Collection est riche de quatorze numéros. La deuxième rubrique intitulée “Collections“ se décompose en trois Collections : “Dialogues Sur la Ville” (DSV) “Cahiers d’Architecture et d’Urbanité” (CAU) où se superposent sept livraisons et “Patrimoine et Esprit des Lieux” (PEL) où se superposent également sept livraisons. La troisième rubrique présente une sélection d’articles et de conférences focalisés sur le Maroc pluriel

″Repères de la Mémoire″ essaie d’illustrer l’histoire d’une cité dans le temps, sur un siècle d’évolution urbaine et sociale tel qu’il s’inscrit dans le cadre bâti et le cadre de vie. Sont alors mises en valeur les modifications spatiales, les similitudes et les spécificités au sein des dix villes étudiées exclusivement sur une base iconographique comme c’est le cas ici pour Rabat ; base iconographique qui fait la richesse du Centre de Documentation du Ministère de l’Habitat.

Dans les Collections groupées en une rubrique : ″Dialogues sur la ville″, sont les Actes de rencontres organisées avec des groupements associatifs. Actes de débats sur des thèmes définis en commun et abordés sous des angles différents portant principalement sur des modes de gestion et d’urbanité reposant sur l’analyse d’expériences antérieures pour mettre en évidence des stratégies à caractère opérationnel, des solutions alternatives. Autre objectif majeur de ces dialogues, la création et le renforcement de réseaux d’organisations non gouvernementales, d’associations de développement locales et d’universitaires ; le tout aux plans national et international.

Dans ″Cahiers d’Architecture et d’Urbanité″, c’est de thématiques de cadre de vie qu’il s’agit et les aires spatiales vont de quelques hameaux d’un village à de grandes cités historiques classées sur la Liste du Patrimoine mondial. L’on reste dans cette Collection dans l’analyse et la recherche à caractère universitaire, le côté opérationnel n’étant pas forcément l’objectif de chaque livraison sans toutefois en être exclus.

″Patrimoine et Esprit des Lieux″, dernière Collection créée, avant que je ne reprenne l’enseignement et la recherche, est avant tout une aventure, un défi destiné à saisir l’insaisissable : Comment les rapports humains spiritualisent un lieu ou qu’est ce qu’un espace humanisé ? C’est dans cette perspective que nous avons cherché des auteurs que nous pouvions, d’une certaine manière et pour chaque ville, considérer comme le coryphée dont le destin vibre en phase et en harmonie avec celui de la cité ; auteurs auxquels nous avons donné toute la liberté souhaitée. Collection à laquelle était donné un objectif modeste : Si cette Collection permet de partager avec le plus de monde possible que le ″vivre ensemble″, dans des villes anciennes ou nouvelles, n’est pas réductible à du mesure et du quantifiable, la Collection aura atteint ses objectifs.

La troisième rubrique, ″Articles et conférences″ comprend, classés par ordre chronologique, la sélection d’une trentaine d’articles et de conférences donnant un aperçu d’un parcours universitaire, de chercheur et de consultant de 1990 à 2010 avec différents partenaires publics et privés et sur plusieurs continents.

La quatrième et dernière rubrique, à ce jour, est réservée à des ″coups de cœur″ qui, tout en restant dans les domaines de l’architecture, de l’urbanité, de l’identitaire et du patrimonial, etc., invitent les visiteurs à les entrevoir autrement, en complémentarité ou en analogie à travers des domaines tels la poésie, la littérature, la photographie, la peinture, la littérature, des séquences de films, etc. Le premier coup de cœur est un hommage à Maurice Tranchant de Lunel qui a peint des aquarelles de talent, à partir de 1902, au tout début du XXème siècle au Maroc.

D’autres rubriques viendront peut-être enrichir ce site grâce aux remarques, suggestions et critiques de celles et ceux qu’il intéressera. Nos plus vifs remerciements à tous ceux qui, nombreux, par leurs contributions et encouragements ont fait que ce site devienne une réalité aujourd’hui partagée.

Saïd Mouline
Rabat, le 16 mai 2012

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