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Présentation

Paroles et écrits divers, conférences, tables rondes, articles, participations à des ouvrages collectifs, des hommages, des témoignages et autres interventions, au sein d’institutions nationales ou internationales, publiques ou privées ainsi qu’au sein de la si mal nommée ″société civile″ sont rassemblés ici. Il s’agit d’un tri difficile, fait sur la base d’interventions qui s’étalent sur une période de plus d’une vingtaine d’années, de 1988 à 2009 qui a conduit à laisser de côté d’autres articles et communications qui auraient pu, ici, trouver place. En vérité, la toute première conférence que j’ai présentée a eu lieu au Centre Thomas More à la Tournette, couvent dominicain, édifice majeur de l’œuvre de Le Corbusier. J’y avais séjourné une semaine en automne et étais subjugué par le traitement et la qualité de la lumière, chef-d’œuvre de collaboration entre Iannis Xenakis et Le Corbusier. C’était en 1974 et je n’ai malheureusement pas gardé les documents de cette période, le thème de la rencontre était prémonitoire : ″L’Islam contre l’Occident″. J’avais à présenter les conséquences de cette confrontation dans le domaine spatial lors du Protectorat français au Maroc. Thème de recherche qui, parmi d’autres, est encore mien aujourd’hui.

Primauté de la dimension humaine

Ce rappel me semble utile car je me suis rendu compte que tout au long de l’évolution de ma formation, de mon appréhension des choses, de leur compréhension, de leur analyse, un lien, un fil ne cessait de s’affirmer et de donner sens aux enseignements que je recevais parallèlement à ceux que je délivrais. La dimension humaine était, en effet, de plus en plus présente telle une spiritualité qui ne se réduisait, pas, loin de là, à la théologie. Spiritualité et dimensions humaines – le pluriel est important – comme assise épistémologique renforcée par des études de Sociologie urbaine et de Linguistique et des Sciences de la Culture où j’eus la chance de rencontrer un grand maitre, Jean Gagnepain, qui dirigea ma thèse. Je devins disciple de la Théorie de la Médiation dont il était le fondateur, dans laquelle je puisais et puise à ce jour, le mode opératoire, les articulations et les concepts de mes analyses et de ma pensée.

Que l’on lise l’éditorial de la troisième livraison de la défunte revue ″Signe du Présent″ en 1988, (l’article le plus ancien offert ici) ou le discours prononcé lors de la clôture de la cérémonie des Global Awards de la Fondation Holcim pour la Construction durable en juillet 2009 (la communication la plus récente mais près d’un quart de siècle plus tard), l’appel est toujours à une nouvelle conscience du monde centré sur le citoyen, sa dignité, son identité, son urbanité, sa liberté et les médiations qui l’acculturent.

Classification, passion et émotion

La classification présentée en trois groupes distincts est bien entendu arbitraire. D’autres critères, auraient donné d’autres classements sans donner plus de satisfaction. Finalement, même arbitraire, l’ordre chronologique me semble donner le classement le plus pertinent. Par ailleurs on passe de l’oral à l’écrit qui se codent et se décodent différemment. On passe de Marrakech à Nara, de Stockholm à San Francisco, de Harvard à Tamgrout, de l’urbain au périurbain, de l’Union internationale des architectes au Conseil international des monuments et des sites, de la naissance du Bauhaus au début du XXème siècle à la lente agonie, irrémédiable, des architectures de terre des vallées présahariennes au Maroc. On passe aussi de l’archéologie à la prospective, de profanations barbares de nos cimetières à la recherche d’une urbanité citoyenne apaisée au sein de laquelle nos ancêtres auraient leur place dans la cité. De même que l’on passe de la complexité de la culture aux juxtapositions du matériel et de l’immatériel, si mal définis par l’Unesco, dans leur relations et les processus dont ils découlent et dont les articulations sont réduites à des bricolages labélisés et échafaudés au gré des circonstances.

Pas de texte ou d’écrit ici qui soient dénués de passion et émotion. Elles sont revendiquées par l’architecte, sociologue et linguiste. Elles sont inscrites dans des portraits de villes, dans les descriptions de cités historiques, des vestiges des architectures de terre, dans le désespoir de voir des patrimoines millénaires ou centenaires, des biens culturels aussi exceptionnels que ceux que recèle le Maroc, détruits par l’ignorance et l’incompétence.
Passion et émotion sous forme de désespoir. Passion et émotion qui explosent parfois dès le titre d’un article ou d’une communication : ″perdition″, ″mutation″, ″drame″, ″amertume″, ″dénaturations″, etc. Passion et émotion optimistes aussi qui naissent d’un souhait où filtrent les raies d’une lumière matinale, où s’inscrit la douceur d’un sourire d’enfant, en même temps que s’énonce une prière, un appel à ″humaniser la cité″, un appel aux ″héritages″ et aux ″valeurs culturelles″, pour ″un monde meilleur″. Plus d’émotion encore dans les hommages à des amis et compagnons de route. Quelle exceptionnelle valeur que l’amitié. Dans ce fatras, elle a trouvé place et espace parmi une trentaine de textes qui sont ici offerts en partage. Une offrande n’est jamais complète et celle-ci porte en elle bien des défauts et, entre autres, des répétitions dues à la diversité des lecteurs et auditeurs sur une aussi longue durée, des erreurs de manipulation de chiffres parfois eux-mêmes manipulés, des contextes non rapportés alors qu’ils participent au contenu et à la compréhension des propos rapportés.

Il est à souhaiter, cependant, que des lectures diversifiées mettent en lumière ces défauts, les corrigent, les dépassent, articulent différemment les propos, en référence à d’autres thèmes en d’autres termes et fassent de ces paroles et écrits les assises d’autres analyses destinées à les développer et à les enrichir avant de les transmettre.

Said Mouline
Rabat, le 10 mai 2012

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